4 «advanced» piano tips

(disclaimer : j’ai tellement à apprendre pour rejoindre les meilleurs, mais récemment ce sont des idées qui m’ont aidé dans ma pratique, et que j’aurais aimé découvrir avant)

– Jouer toutes les notes. Jouer du piano c’est tellement complexe qu’on regroupe nécessairement les notes en motifs, arpèges, etc. mais un jour les patterns se rebellent contre le ou la pianiste. Après des dizaines et des dizaines d’exécutions, des notes commencent à disparaître, les rythmes commencent à devenir imprécis, et ultimement plus rien ne fonctionne. C’est normal, parce que le pattern ne contient pas la totalité de l’information, c’est un résumé. J’ai l’impression qu’au final, le pattern n’est qu’un tremplin dans l’apprentissage. Pour jouer de façon vivante, convaincante et contrôlée un segment de musique, le pattern a besoin d’être redécomposé en chacune de ses notes, parce que chaque note est précieuse et doit être vécue par le ou la pianiste. On entend très vite la différence entre quelqu’un qui joue chacune des notes ou quelqu’un qui essaie de s’en sortir en jouant des blocs de notes

– Préserver l’équilibre entre le mouvement des doigts et le poids du bras, dans une dialectique. Certaines écoles mettent trop d’emphase sur le mouvement des gros muscles, bassin, bras, avant-bras, etc. jusqu’à en oublier les doigts. Les gros muscles permettent de sauver de l’énergie, oui, mais compter trop sur eux fait tomber dans le même genre de jeu flou que je mentionnais plus haut. D’autres écoles mettent trop d’emphase sur le mouvement des doigts, jusqu’à oublier que le poids constant du bras dans le clavier est la façon la plus efficace d’obtenir un son égal en force partout

– Le clavier est horizontal. À travers toutes les pirouettes 3D que le cerveau se crée pour être capable de jouer une pièce, les schémas, géométries, passages du pouce, sauts, c’est facile d’oublier qu’au final, la surface sur laquelle on joue est horizontale (d’autant plus que la pédagogie traditionnelle met autant l’accent sur la «hauteur» des mains). Pour avoir accès à toutes les notes de façon stable, le centre de gravité des mains a besoin d’être relativement proche du clavier. Faut avoir une bonne raison de s’en écarter pour que ça vaille la peine

– Joue comme si tu parlais. La pédagogie traditionnelle fait beaucoup référence au chant, à créer une ligne chantante. C’est un bon début, mais on entre vraiment juste dans le domaine du transcendant quand on se met à dire quelque chose. Je suis persuadé que chaque bonne mélodie possède sa signification cachée, non pas une signification directe (sauf exception) mais une signification affective ou humaine globale via son contour, qui fait référence à des milliers de phrases différentes qui ont été prononcées dans l’histoire avec cette courbe d’intonation en commun. L’instrumentiste peut chercher ces significations cachées, les symboliques approximatives auxquelles renvoient intuitivement les mélodies, qui font d’elles des vecteurs presque magiques de l’expérience humaine. C’est la puissance de la musique instrumentale, je pense, de constituer des entités abstraites générales qui permettent de convier une certaine somme ou synthèse de situations humaines comme l’hésitation, la résignation, la tendresse, le sommeil, etc.